27 mars 2019

Patagonie - Terre de Feu

Pas d'itinéraire sur la carte pour vous montrer nos déplacements, le sud du continent est bien compliqué avec son découpage naturel des côtes où la mer s'immisce un peu partout, contrairement aux frontières tirées au cordeau.


Nous entrons à nouveau en Argentine, RAS pour le passage de la frontière : les douaniers chiliens sont une gentille famille avec enfant qui grimpe sur le bureau, poules, chien affectueux, si on devait attendre il y a un canapé (défoncé) et des revues avec radio en musique de fond ; côté argentin les copains des 2 douaniers arrivent au fur et à mesure et entrent dans la cuisine juste derrière, chargés de cartons...
Pas de stress !

La cueva de los manos : regardez bien, il y a même des empreintes de pattes de nandous. Cet abri sous roche se trouve dans un site superbe, accroché au bord d'un canyon verdoyant au milieu du désert.
Sens de la mise en scène.

Parc Perito Moreno : le choc des contrastes. Nous venions juste de quitter le Parc de Patagonie au Chili (propriété des Tompkins avec d'autres parcs qu'ils céderont au Chili en avril) -  avec installations presque luxueuses, pour arriver de l'autre côté de la frontière dans ce parc Perito Moreno. Les installations très minimales sont la fierté du Ranger rencontré : on dirait des bricolages de scouts en vacances ! Très très sympa.
Nous demandons les prévisions météo et nous nous étonnons des précisions du Ranger qui analyse l'état du vent toutes les 3h - nous, nous demandions simplement si soleil ou pluie .... nous comprendrons vite pourquoi.
Nous pensions qu'un paysage est composé de relief, de végétation, d'animaux, ici il ne faut pas oublier le vent qui est le personnage central.
Incroyable ! à un point tel qu'il y a des endroits qu'il faut éviter pour ne retrouver les vitres cassées. (cailloux volants)
C'est extraordinaire.
Pour ajouter du piment à l'expérience, des chenilles couvrent complètement le sol où nous voulions nous installer, elles grimpent sur les chaussures si nous restons immobiles... on change !

Ce sera une expérience nouvelle et inoubliable que des photos ne peuvent évoquer.


et voici le Fitz Roy presque sans nuage, des randos superbes avec beaucoup d'autres touristes.

 le glacier Perito Moreno : long de 30 km, de 40 à 70 m de haut, c'est un glacier qui continue à avancer.


Nous sommes une foule à attendre la chute d'énormes morceaux de ce monument.

Voici la reproduction grandeur réelle de la vaillante Nao Victoria qui a permis à Magellan de découvrir le passage entre l'océan Atlantique et Pacifique. L'expédition sous le drapeau espagnol est partie en septembre 1519 avec 5 bateaux et  237 hommes d'équipage, la Nao sera la seule à revenir 68 000 km et 3 ans plus tard avec 18 marins, voie d'eau, voilure en loque. Elle repartira pourtant pour 50 ans d'activité.

Ushuaia, dernière ville la plus au sud. 5m d'altitude, c'est la rencontre entre les Andes et l'océan Antarctique clame la pub ; ville active et prospère, grignotant la forêt sur les versants qui profite des incitations du gouvernement. 
En effet, la Terre de Feu est une zone franche, la plupart des objets électroniques vendus en Argentine et dans Mercosur sont fabriqués en Terre de Feu. Les salaires élevés attirent les travailleurs. A noter qu’il y a un important groupement de Croates et de Chilotes. Pourquoi ? 






Hêtres ou ne pas hêtres? 
On se perd dans la forêt des noms des arbres en Patagonie : conguillo (qui nous accompagnera jusqu’au pied de la Sierra Nevada), coihue ( persistant), lenga (caduque), guindo son homologue buissonnant ; sans oublier le canelo (persistant) de Terre de Feu. 
Magnifiques forêts impénétrables de hêtres qui résistent aux éléments.

Fin de la Terre de Feu ainsi nommée par les premiers Européens car ils ont d'abord aperçu les multiples feux qui réchauffaient les natifs très peu vêtus, habillés de sortes de capes de peaux.


Seconde traversée du détroit de Magellan et nous voilà sur le continent, cap vers le nord en longeant 
l'Atlantique. Nous changeons de paysage : ce n’est plus comme en Terre de Feu le jeu de la terre et de la mer qui s’emmêlent infiniment  mais un territoire de steppe  et ses buissons épineux parsemés de guanacos, ceinturé de plages et de falaises âgées de 3 à 15 millions d’années environ où des pingouins, lions de mer, éléphants de mer et oiseaux marins trouvent refuge avant leur migration. 


Le Parc volcanique de Pali Aike, désolé et superbe avec ses guanacos et les pumas qui vont avec.

Puis la côte atlantique. Le courant froid qui remonte des Malouines draine de nombreux poissons qui font le bonheur de tous les animaux terrestres.
Les pingouins de Magellan ont bientôt terminé leur séjour ici : les petits sont presque prêts à partir, les adultes changent leur plumage terrestre pour un nouveau costume adapté à la vie aquatique de 6 mois environ.  

Les jeunes quittent progressivement leur duvet; ils sont drôles, tout hirsutes.

Les jeunes attendent sur la plage plusieurs heures pour finalement faire une trempette rapide, remonter, attendre...
monument national Bosques Petrificados.
On peut y admirer les ancêtres des araucarias : jusqu’à 3 m de diamètre et 100 m de haut. Ils vivaient il y a 150 millions d’années (météo du jour : humide et tempérée) et faisaient les délices des sauropodes. Recouverts de cendres lors d’éruptions volcaniques, ils ont été colorés en fonction des infiltrations de manganèse (noir), de fer (rouge) ou de silice (blanc) : superbes et majestueux  même à terre. 
Fouille des sacs avant de quitter les lieux : les visiteurs sont alertés sur l’interdiction de ramasser le moindre morceau qui jonche le sol partout. Nous bivouaquons juste à la sortie du Parc…et trouvons de nombreux fragments pétrifiés sur le bas-côté de la piste, poussés par la dameuse.


l’armadillo - ici précisément un peludo (il est poilu) . c’est l’équivalent du pigeon à Paris, de Cachou (pour les initiés) à Fontenay : il court partout et mange tout ce qu’il trouve. On peut donc le trouver facilement sous les roues d’une voiture, ou fouillant les détritus d’une poubelle oubliée.


Le nandou peut courir parait-il jusqu'à 50 km/h 

le mara
et le viscacha
trace du puma...
...suivant un guanaco

La guerre des Malouines est présente dans les esprits, les panneaux comme celui-ci l'évoquent bien.

Près de Trelew où les fortes pluies nous empêchent d'entrer dans la péninsule de Valdès  pendant 3 jours, nous squattons une station-service et visitons les petits villages gallois des environs. Cette colonie galloise installée depuis fin 19e continue de perpétuer les traditions et les liens
avec "le pays".

Enfin Valdes, ses "paquets" de lions de mer vautrés sur les plages, ses colonies de pingouins
qui se préparent à la migration.
Pas très facile de bien visiter la péninsule (patrimoine UNESCO) : les distances sont longues sur des pistes pas bien roulantes avec interdiction de bivouaquer,
il faudra "tricher" pour rester sur place.
Comme tous les enfants du monde, les bébés phoques courent après les mouettes !
les orques, superprédateurs, impressionnants .
(Ce n'est pas une de nos photos) 
Un escadron de lames noires brandies au soleil couchant : grève de plaisanterie, c’est très impressionnant.
Le Ranger nous explique la technique des orques ici : ils se lancent sur la plage pour attraper un éléphant moins mobile au sol. Difficulté : s’ils ont mal calculé la vague ou leur élan, c’est eux qui s’échouent…
La frontière de la Patagonie : le Rio Negro qui joue avec la marée.
Nous y passons de belles journées.
la plus grande colonie de perroquets du monde (?) : ils sont installés dans les trous des falaises


Nous nous éloignons de plus en plus de la nature, mais encore de belles surprises -différentes :
ici les murs d'une entreprise de transport.
En Amérique du Sud, les façades sont assez souvent décorées : antennes de ministère, écoles, entreprises, petits commerces.
Les murs "parlent" au passant.

Il nous reste moins de 2 semaines avant le retour, l'automne arrive mais comme on monte, la chaleur demeure bien que les nuits soient fraîches. Nous trouverons bientôt le printemps en France.




20 février 2019

Argentine-Région des lacs ; Chili-Carretera australe



Sortons les coupe-vents ...nous continuons vers le Sud !




Voici donc la région des Lacs, en Argentine : touristique, résidentielle....tout ce qu'on aime ;) mais qui nous permet un détour par la Suisse (pour ses paysages - Nestlé a d'ailleurs une usine sur place) et l'Allemagne (ses fermes en bois impeccables et fleuries, ses fromages et charcuteries) avec une forte implantation allemande depuis la fin 19e... C'est Bariloche ; il y a même des Saint Bernard se faisant photographier avec les touristes pour plus de couleur locale.

c'est le paradis des pêcheurs


Forêt étonnante d'arrayanes : l'écorce de ces arbres ressemble à un bâton de cannelle. Cela nous permettra une belle rando sur la péninsule qui se terminera (la rando, pas la péninsule) par une poutine bien chaude sur la plage le soir.

On veut voir les otaries et les dauphins...cap vers le Pacifique tout près, dans le petit port de Bahia Mansa. Pas de photo des otaries et de l'unique dauphin : ils ont guetté l'arrivée d'un bateau de pêche et sont repartis aussitôt repus. C'est à notre tour de savourer ce déjeuner.
empenadas de fruits de mer

Episode de Grodef chez le garagiste. Depuis un temps certain, les amortisseurs n'amortissaient plus beaucoup, c'était inconfortable mais surtout gênant pour la tenue de route sur les pistes ou le ripio trop gravillonné. Nous sommes donc allés voir le seul garage Rover (et Jaguar) de cette région à Osorno. Chance : nous sommes tombés sur un mécanicien au top qui a déclaré que Grodef avait quelque chose de plus embêtant : le roulement d'une roue HS.
Canapé cuir, Wifi excellent, boissons chaudes et bonbons au chocolat à volonté devant la télé ... 
Rassurez-vous : c'est réparé ! Nous avons passé une seule journée à errer dans la ville, regardant les éliminatoires de l'élection de la future Miss Osorno sur la place. Suspens terrible !

Les amortisseurs seront changés dans un petit garage familial à Cohaique qui nous semblait sympathique. Le garagiste fera la tournée de ses potes afin de trouver les bons amortisseurs et remettra Grodef "sur pied" sous le regard attentif de toute la famille.
 Maintenant Chiloé : c'est une petite île bien particulière avec ses église en bois, ses forêts peuplées d'êtres surnaturels et le "curanto".


un des elfes qui a exceptionnellement  accepté de se faire photographier pour vous


    les multiples églises "du bout du monde", Patrimoine Mondial de l'Unesco





Ces églises ont chacune leurs particularités : très décorées ou modestes, parfois presque à l'abandon mais bien attachantes.
Dans cette église réparée avec l'aide des habitants, les paroissiens se sont amusés à refaire le mobilier avec du bois de récup'.

Non, ce n'est pas une photo truquée : cet électricien appuie son échelle sur un fil électrique pour faire la réparation...Ben quoi ?


Voici maintenant le curanto : spécialité de Chiloé. C'est une synthèse de la vie dans cette île. Traditionnellement  ce plat est cuit dans la terre sur des galets brûlants : on superpose de la viande, des coquillages, des saucisses le tout recouvert par une large feuille de nalca (rhubarbe géante)
Pour finir le repas, une gourmandise particulière : sorte d'artichaut on tire sur la feuille on suce, puis on croque le bout blanc. 

Non Guillaume, l'architecte n'est pas égyptien !


De retour sur le "continent" on poursuit la Carretera australe vers le sud. Des paysages bien particuliers le long de cette route mythique en bon état ponctuée de nombreux stoppeurs, camping-cars : les prairies alternent avec la forêt sub-antartique de fougères, de sortes de bambous, quelques fuschias sans oublier les hêtres, les hêtres, les hêtres...




Depuis Chiloé nous passons de bons moments avec Murielle et Eric qui ont également un Def (ils sont donc forcément sympathiques) 



    la caldera du volcan Chaitén

un glacier


encore un glacier


vue d'un de nos bivouacs


à Tortel vers l'estuaire du Rio Baker au S/W de la fin de la Carretera


c'est un petit village entièrement sur pilotis, entouré de champs glaciaires


le camping




pour Eline et Maëlle : le bateau de pompiers (car tout est en bois : les maisons comme les "routes")




Voici l'image que nous garderons de la fameuse Carretera : la rude région des pionniers souvent Gallois ou Basques arrivés fin 19e, exportant leur savoir-faire dans l'élevage des moutons à côté des grandes exploitations octroyées par le gouvernement pour l'industrie de la laine (Benetton un gros client) 
Des Parcs et Réserves nationaux ou privés (North Face ou Patagonia vont céder leurs Parcs magnifiques au gouvernement en avril) remplacent certaines grosses propriétés qui se désertifiaient par la sur-exploitation de l'élevage des moutons et la déforestation importante. 
Maintenant l'objectif est une co-habitation harmonieuse entre les intérêts de la nature, des habitants et des touristes de plus en plus nombreux.




Patagonie - Terre de Feu

Pas d'itinéraire sur la carte pour vous montrer nos déplacements, le sud du continent est bien compliqué avec son découpage naturel des ...